Citoyenneté
Chaque billet présente un thème. L’ensemble de ceux-ci est formé des axes de réflexions suivants: artisanat, agriculture, voyage, culture, famille, citoyenneté.
Comme les esclaves, les peuples colonisés ou les minorités, les Rroms sont traités en citoyens de deuxième catégorie, et ne bénéficient pas des mêmes droits que les autres. C’est le résultat d’une propagande explicite ou implicite visant à la fois à justifier cette politique et cette diminution des droits. Ainsi les pouvoirs publics, les politiques, voire les humanitaires, véhiculent-ils un discours qui rend étrangement possible, dans des Etats de droit, au cœur même de l’Union européenne, le fait que des individus ne puissent voter qu’à certaines conditions de « rattachement », y compris quand ils possèdent la nationalité française, qu’ils n’aient pas le droit de travailler, ni de résider sur des aires prévues pour les gens du voyage – qui en dépit de la loi sont et restent notoirement insuffisantes partout en Europe. On se trouve alors face à une politique sécuritaire, qui fonctionne de façon constante sur la peur de l’autre, et qui a besoin de cette peur pour asseoir sa propre domination. Selon l’ethnologue Martin Olivera, l’esclavage, le génocide et les régimes communistes sont les trois axes qu’on rappelle souvent pour décrire les « longs malheurs successifs » vécus par les Rroms. Une réalité qui contribue à forger l’image d’un peuple perpétuellement victime, jamais acteur et encore moins vainqueur dans le cours de l’histoire : pas de mythologie de la libération, comme pour les Noirs américains, pas de création d’un Etat, comme pour les juifs, pas de rôle politique connu ou valorisé dans l’histoire des oppressions ou résistances coloniales, des combats collectifs ou des guerres – auxquelles ils ont pourtant beaucoup participé, notamment au XVIIe siècle. « Nous sommes une nation qui partage la même tradition, la même culture, la même origine, la même langue (…). Nous n’avons jamais cherché à créer un Etat. Et nous ne voulons pas d’Etat aujourd’hui, au moment où la nouvelle société et la nouvelle économie sont concrètement et progressivement en train de transcender l’importance et la compétence de l’Etat en tant que moyen d’organisation des individus. », Emil Scuka, président de l’Union romani internationale, juillet 2000.